Jean Patricot est né à Lyon le 11 mars 1865 dans une famille de commerçants. Son père, Pierre Patricot, issu d’une famille de tisseurs lyonnais, épouse en 1862, une Taulignanaise, Marie-Euphrosine Gély. Ils auront trois enfants. François-Auguste-Jean, qui ne gardera plus tard que le prénom Jean, est leur deuxième enfant. Pendant son enfance, Jean Patricot passera de nombreuses vacances dans sa famille à Taulignan et en gardera de très bons souvenirs.

Rebelle à l’enseignement classique, Jean Patricot développe très jeune des dons pour le dessin. À 12 ans, il déclare qu’il arrête l’école pour se consacrer au dessin. Son père lui dit que s’il veut dessiner, il doit apprendre un métier : graveur en médaille.

En 1878, âgé de 13 ans, il fait son apprentissage chez le dessinateur-lithographe, Aimé Grinand pendant 3 ans. Parallèlement, en octobre de la même année, il entre à l’école des Beaux-Arts de Lyon, section gravure en taille-douce sous la houlette de Jean-Baptiste Danguin.

Jean Patricot Taulignan

À 18 ans, il remporte le prix de Paris de la ville de Lyon et obtient une bourse pour l’école des Beaux-Arts de Paris. Il se rend à la capitale. Il travaille dans l’atelier de Louis-Pierre Henriquel-Dupont pour la gravure et d’Alexandre Cabanel puis Léon Bonnat pour la peinture. Dès l’année suivante, il remporte le second « Premier prix de Rome » de gravure, pour sa reproduction de la « Tête de Jeune homme » de Raphaël.

Jean Patricot Taulignan

En 1886, âgé de 21 ans, Jean Patricot obtient le Premier Grand Prix de Rome, section gravure, pour son « Académie masculine ». Il se rend alors à Rome où il séjournera pendant quatre ans à la « Villa Médicis ». Outre les gravures, il exécute des paysages et s’essaie au portrait. Il fréquente les milieux mondains et intellectuels, se cultivant et ainsi rattrapant les manques de son éducation scolaire en dents de scie. Il est très populaire auprès des élèves mais son esprit rebelle le fait s’opposer à de nombreuses reprises au directeur de la Villa Médicis, manquant de peu de se faire renvoyer s’il n’avait le soutien d’Henriquel-Dupont.

Jean Patricot Taulignan

C’est en Italie qu’il fait la connaissance des Américaines, Harriet Bufford et sa mère. Il se marie avec Harriet le 2 avril 1891 près de Londres. Puis, le jeune couple part s’installer à Neuilly où il vivra pendant 15 ans. La maison abrite au fond du jardin un grand atelier. En 1892, nait Jeanne, suivie par Hélène trois ans plus tard.

Jean Patricot Taulignan

En 1893, il part en famille en voyage aux États-Unis, mais le séjour sera écourté à l’annonce du décès de sa mère.

Au niveau professionnel, Jean Patricot ne ménage pas sa peine, se constitue un bon réseau et travaille énormément. La gravure reste son activité principale notamment sur commande de la Gazette des Beaux-Arts (NB. : la photographie n’étant qu’à ses balbutiements, la gravure reste le meilleur procédé pour reproduire des œuvres picturales). En 1895, il devient sociétaire des Artistes français et exposera régulièrement au Salon jusqu’en 1904 en section gravure. Il remportera au Salon de 1895 la plus haute récompense, la médaille d’Honneur de la Société française de Gravure pour le panneau central de « Procession des Rois Mages » d’après Benozzo Gozzoli.

Jean Patricot Taulignan

Mais Jean s’essaie de plus en plus au portrait. On retrouve la patte de Bonnat -dont il a été l’élève- dans ses peintures et en 1896, le portrait de Mme Patricot (peinture à l’huile), première version, sera exposé au Salon.

En 1899, Jean Patricot est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.

Sa réputation de portraitiste de la bonne société prend de l’ampleur. Une faiblesse oculaire le fait délaisser la gravure pour la peinture.

Jean Patricot Taulignan

De 1901 à 1904, il donne des cours de dessin à l’École Normale Supérieure. En 1901, il exécute un portrait de l’épouse d’Émile Loubet, président de la République dont il est un grand ami.

En 1906, il achète une maison à Taulignan. Et dès 1909, Harriet et ses filles déménagent définitivement à Taulignan. Jean Patricot se partagera alors entre Paris et Taulignan.

Jean Patricot Taulignan

En 1912, il déménage son atelier dans le 16e arrondissement de Paris. Ses problèmes de vue marquent la fin de sa production de gravure et l’essor de sa carrière de peintre.

La même année, il fait un premier voyage avec sa fille Jeanne en Tunisie, à l’invitation du Résident-Général de France en Tunisie, Gabriel Alapetite. Ils y visiteront Tunis, Gabès et Kairouan. Deux ans plus tard, il fait un deuxième voyage en Tunisie avec Hélène cette fois, qui tombera amoureuse de Michel Alapetite, âgé de 18 ans. Leur amour, contrarié par la guerre mais sous la bénédiction de Jean Patricot, ne se conclura par un mariage qu’en 1920.

Jean Patricot Taulignan

La guerre le laisse sans commande et la vie est difficile dans la capitale pour les artistes désœuvrés. Il fera de nombreux séjours à Taulignan où il peindra la mobilisation et des paysages taulignanais. Il exécute aussi quelques portraits et après l’Armistice, l’Etat lui commande des portraits de Maréchaux de France (Foch, Pétain, …) ; commande qui lui vaut le titre de « peintre des maréchaux ». Il continuera à peindre des portraits et à exposer jusqu’à la fin de sa vie.

Il décède le 10 mars 1928, ses obsèques seront célébrées à Passy où Paul Chabas, peintre et Président de la Société des Artistes français, fera son éloge funèbre.

Jean Patricot est enterré dans le cimetière de Taulignan, auprès de ses proches.

Plusieurs expositions lui ont été consacrées dans la région : Valréas en 1986, Avignon 1987, Montélimar 1914. On peut admirer ses portraits dans quelques musées : Avignon, Montélimar, Paris, etc.

Jean Patricot Taulignan

En juin 1991, une plaque commémorative est apposée sur la façade de sa maison à Taulignan.

En 2001, la Salle de la Commune a accueilli une exposition en son honneur.

En 2013, « l’Association des Onze Tours » lui a consacré un livre, source de cet article, « Du burin au pinceau Jean Patricot, Entre Paris et Taulignan » écrit par sa petite-fille Régine Alapetite-Escallier.

Je remercie Mme Régine Alapetite- Escallier, Mme Françoise Coulon-Lousberg de l’Association des Onze Tours  et Jean-Pierre, du Musée de la Soie pour leur aide dans la recherches d’informations et visuels.