L’Abbé Garnier, de son vrai nom Joseph Casimir Rodolphe Garnier, est né le 16 avril 1837 à Mirabel aux Baronnies.

Ordonné prêtre le 29 juin 1862, il sera successivement vicaire à St Vallier (jusqu’en novembre 1864) ; vicaire à Buis les Baronnies (jusqu’en juillet 1866), principal de collège ecclésiastique toujours à Buis (de juillet à décembre 1865) et chantre à la Cathédrale (décembre 1865/ décembre 1866) et enfin, vicaire à Pierrelatte (décembre 1866/juin 1872).

L’Abbé Garnier est finalement nommé curé à Roussas le dimanche 23 juin 1872 par l’Abbé Dorey, lui-même curé de Grignan.

Abbé Garnier

D’une grande dévotion envers Saint Joseph, quelle n’est pas sa joie de découvrir qu’une chapelle lui est consacrée dans sa nouvelle paroisse.

Hélas, son bonheur sera de courte durée en découvrant le mauvais état dans lequel se trouvait ladite chapelle. Pourtant à l’intérieur, il trouve une belle statue du saint, installée au-dessus de l’autel par un de ses prédécesseurs, l’Abbé Arsac.

Il décide donc de lancer de grands travaux afin qu’elle soit « plus digne de la gloire de Saint-Joseph ».

En 1873, il crée « l’œuvre de Saint Joseph » avec pour principaux objectifs :

  • Créer une école privée de garçons : création d’une maîtrise pour former des instituteurs pour les villages mais également éveiller les vocations religieuses.
  • Construire un nouveau sanctuaire dédié à Saint Joseph plus conforme à sa grandeur.

Il recevra un soutien spirituel tout d’abord de nombreux archevêques et évêques, aussi bien français qu’étrangers. Même le souverain pontife Pie IX lui enverra un autographe le 15 août 1874 à la suite de son courrier reçu à Rome trois jours auparavant.

Abbé Garnier

En ce qui concerne la question des finances, il ne fera jamais de quêtes directement pour son œuvre, comptant sur la générosité des uns et des autres : bienfaisance, dons, tombola, … Et il ira prêcher la bonne parole dans tout l’hexagone mais aussi bien au-delà des frontières françaises puisqu’il recevra des soutiens de l’évêque de Namur, en Belgique.

La création d’une nouvelle route menant au plateau de Mazeiras, lieu choisi pour l’édification du nouveau sanctuaire débutera le 18 juillet 1874 pour se terminer le 19 décembre de la même année. Travaux ayant tout de même coûtés la somme de deux mille quatre cents francs.

Roussas

Dès 1875, les travaux de construction du grand sanctuaire peuvent donc commencer.

L’Abbé Garnier n’oublie cependant pas pour autant ses devoirs envers ses paroissiens et son église.

Abbé Garnier

Il lance dès 1875 des travaux à l’église paroissiale avec entre autres : construction de deux chapelles latérales, ameublement complet de l’église, ornementation de la façade avec deux statures en pierre sculptée…

Abbé Garnier

La maitrise de St Joseph sera inaugurée le même jour où aura lieu la bénédiction de la première pierre du Sanctuaire de St Joseph : le dimanche du patronage le 18 avril 1875. Elle accueille à ses débuts une dizaine d’enfants pauvres du pays, mais avec l’arrivée des premiers frères de la Croix de Jésus (venus pour aider à enseigner et diriger) le chiffre passe à vingt-cinq en août 1876.

Abbé Garnier

En 1876, la création un pensionnat d’une vingtaine de places pour enfants pauvres permettra ainsi d’accueillir jusqu’à une soixantaine d’élèves en août de l’année suivante.

Abbé Garnier

Le prolongement du programme d’études ainsi que les exigences académiques demandées vont voir le départ des frères de la Croix de Jésus remplacés par des clercs de Saint-Viateur (maison-mère à Vourles 69).

Le 1er mars 1878, à la demande de nombreux bienfaiteurs, la revue « Le Pouvoir de Saint-Joseph » est créée. Tiré à 10 000 exemplaires, ce mensuel, puis trimestriel, relate les grâces et guérisons obtenues par l’intercession de St Joseph.

L’année 1880 voit le départ des Clercs, la maitrise est donc confiée aux prêtres du diocèse. Elle passe alors de l’enseignement primaire à celui du secondaire et le nombre d’élève sera réduit à seulement une trentaine et uniquement des pensionnaires.

En 1882, l’Abbé Garnier donne sa démission de curé pour se consacrer entièrement au Sanctuaire Saint Joseph.

1883 apporte un nouveau coup dur à la maitrise avec la décision de fermeture des petits établissements religieux pour être centralisés au petit séminaire de Valence par l’administration diocésaine. La Maitrise sera fermée jusqu’en mars 1885 où elle sera confiée aux Frères Augustins de l’Assomption de Nîmes pendant quatre ans. Les locaux étant devenus trop petits la maitrise est déplacée à Val Brian près de Grâne.

abbé Garnier

C’est également en mars 1885 que sera enfin inauguré le Sanctuaire Saint Joseph, soit dix ans après la pose de la première pierre. Malgré le déchainement d’un fort mistral de nombreux pèlerins seront présents et profiteront des chants brillamment interprétés par les jeunes élèves de la Maitrise lors de la messe et des vêpres.

Abbé Garnier Sanctuaire St Joseph

Le 1er mars 1882 verra la pose de huit magnifiques vitraux par M. Thomas de Valence.

Les travaux d’aménagement continuent régulièrement puisque lors de la fête du 20 mars 1893, les pèlerins pourront admirer les deux autels latéraux consacrés l’un à Notre-Dame de Lourdes et l’autre au Sacré-Cœur de Jésus, œuvres du montilien M. Vidal à qui l’on doit également les nombreux Ex-Voto apposés sur les murs.

chapelle Sanctuaire St Joseph

En 1901, l’Abbé Garnier se lance dans la recherche de fonds pour la construction de la nef qu’il prévoit en plusieurs tranches. Les travaux se termineront le 31 juillet 1902. Une plaque est apposée pour remercier tous les généreux donateurs.

En 1905, un orgue est acheté et installé dans la tribune par la Maison Vignollo de Marseille. Il est à noter que c’est l’un des derniers orgues pneumatiques de France, en état de fonctionnement.

orgue sanctuaire saint joseph

[L’orgue pneumatique se distingue de l’orgue mécanique par son fonctionnement : il marche uniquement avec de l’air. Cette technique de transmission fut en son temps révolutionnaire. Beaucoup plus de flexibilité dans le positionnement des consoles par rapport aux sommiers que ne permettait pas forcément la traction mécanique].

Abbé Garnier

L’Abbé Garnier, de plus en plus fatigué, décède le 9 mars 1908 à l’aube de ses soixante-et-onze ans. Il sera inhumé deux jours plus tard dans le caveau qu’il avait prévu au moment de la construction du sanctuaire, ceci afin de « reposer jusqu’au grand jour, aux pieds du Glorieux Saint dont il fut le serviteur infatigable ».

Le Sanctuaire continue d’accueillir des pèlerinages plusieurs fois par an, notamment le jour de la St Joseph et les Amis du Sanctuaire contribue à l’animation et l’entretien du lieu en collaboration avec la mairie. Un petit sentier au départ du village vous permet de rejoindre le Sanctuaire à pied tout en profitant de la vue.

Un grand merci à Monsieur Bernard Gex pour m’avoir ouvert ses archives et collaborer à la réalisation de ce portrait, ainsi qu’à la Mairie de Roussas.